Article du 19 mars 2005Atelier d´écritures
Lors de la séance de clôture des ateliers, Kigali mot à mot a proposé plusieurs possibilités de présentation des textes, dans ses rapports à l´image (cartes postales texte-image, livres accordéons,...) et dans les possibilités orales de présentation. Dans cette dernière perspective des textes courts ont été produits pour être inscrits sur des balles réalisées au Rwanda par les enfants à partir de feuilles de bananes. On envoie la balle à un partenaire qui lit à haute voix le texte placé devant lui et l´on passe la balle à quelqu´un d´autre qui fait de même. Une autre proposition a consisté à murmurer des textes à l´oreille des visiteurs : muni d´un tube cartonné (récupéré chez un marchand de textile de la ville), le souffleur de vers dit son texte et puis s´en va. Quelques-uns des textes réalisés par le collectif d´écriture « Souffleurs de vers » sont reproduits sur le site.
Entretien avec Jean-Philippe Stassen (Belgique)
Il encadrait avec Karlien de Villiers (Afrique du Sud), un atelier de bande dessinée, à Butare. L´une des oeuvres très connue de Stassen au Rwanda (et en France) est le livre Deogratias bande dessinée très forte sur le génocide.L´atelier comprenait une dizaine de stagiaires dont trois avait fait l´école d´art du Rwanda, avant qu´elle ne soit supprimée dans la tourmente de 1994 (il n´y a plus d´école pour la formation des plasticiens, créateurs de B.D. au Rwanda). Les stagiaires ont été invité à réaliser des croquis sur le vif dans la rue. Il arrive également à Jean-Philippe Stassen de proposer d´aller ainsi sur le terrain et de noter ce qu´ils voient. C´est ensuite à partir de leurs notes qu´ils réalisent leurs croquis. Un travail d´élaboration de scénario a été effectué, afin que les stagiaires apprennent à maîtriser leurs sujets et qu´ils prennent conscience du caractère politique de cet art. Chaque stagiaire ayant abouti à un travail intéressant a présenté une B.D. en trois planches lors de la journée de clôture. Les analyses de Jean-Philippe sur la situation dans le pays recoupent ce qu´on a déjà pu évoquer. Il souligne en outre deux points qui nous paraissent essentiels : - le fait que dans la culture traditionnelle rwandaise la figuration n´existe pas. Cela pose évidemment problème pour le développement des arts visuels et de la représentation. - la question de la langue, et les dangers de coupure entre la langue parlée des dirigeants, qui avaient quitté le pays souvent pour de longues années (jusqu´à trente ans) , et la langue du peuple qui n´est pas sorti du pays et dont le kinyarwanda a évolué exclusivement dans le cadre des collines. Le domaine artistique doit notamment travailler cette question, au coeur de risques d´incompréhensions politiquement dangereuses pour l´avenir. Jean-Phlippe Stassen n´est pas très optimiste sur le développement d´une bande dessinée rwandaise, si l´on tient compte des coûts de production d´un album de bande dessinée aujourd´hui et des tirages nécessaires (au minimum 12000 exemplaires). Du côté des designers
Nous avons rencontré l´un des jeunes designers, David Le Breton, 24 ans, qui vient de France et nous parle de son parcours,et de son travail avec la société 5.5 DESIGNERS qui oeuvre à Paris. Il a deux ans de pratique dans le métier, après quatre ans d´études et trois ans dans les arts appliqués en général (publicité, architecture intérieure dont la décoration intérieure). Comment définir le design d´objets ? C´est difficile à expliquer, à mi chemin entre la sociologie,l´ergonomie, l´industrie et les ingénieurs. C´est un métier qui demande beaucoup d´attention, d´écoute des gens qui ont une relation avec l´objet, pour en comprendre les usages. Il faut avoir une conception de l´objet avant de le dessiner, en tenant compte de sa valeur et de son usage.« Mon inspiration vient de ma curiosité, de l´art combiné et du plastique ». Il faut aussi un sens artistique et beaucoup de travail. A la question : est-ce qu´au Rwanda cette pratique peut aider les gens ? David Le Breton pense que oui, si cela ne répond pas seulement à une démarche esthétique lointaine, mais que l´on creuse la question comme celle d´un art qui se rapporte à l´organisation de la société, à sa politique, à son domaine social. C´est la première visite qu´il fait au Rwanda mais il pense que ce métier peut améliorer le quotidien des gens, en permettant de donner un esprit libre pour réfléchir aux choses. Parmi les réalisations concrètes sur lesquelles il a travaillé : quelques porte-manteaux, des projets expérimentaux pas encore commercialisés et beaucoup de projets qui ne sont pas encore sortis, tant en ce qui concerne les objets fonctionnels que les objets décoratifs.( Interview réalisé par Uwineza Redempta,et Twagirayezu Emmanuel) Nous joignons une photo de Cheik Diallo (Mali), responsable avec Céline Savoye (France) de l´équipe des designers. Spectacle de clôture « Arts Azimuts »
En fin de journée étaient exposées les oeuvres créées à Kigali durant la semaine : travail des designers basé sur l´étain et autres matières travaillées au Rwanda, photographies « Kigali le jour Kigali la nuit », atelier écritures, arts plastiques « Recyclage ». Le spectacle de clôture à Kigali a permis de présenter le défilé de mode mis au point par les stylistes et surtout découvrir les ateliers réalisés à Butare, outre la bande dessinée :- Musique et voix, Rencontre de la music Ethnic dont le responsable était Aaron Nitunga du Burundi. - Tambours 2005, recherche sur la gestuelle et le rythme, atelier animé par deux tambourinaires rwandais. A noter qu´un groupe femmes s´est constitué à Butare voilà plus d´un an dans ce domaine, ce qui est tout à fait nouveau, dans la mesure où cette activité est traditionnellement réservée aux hommes. - Danse contemporaine (Objectif Niger 2005), animé par Ijode Dance Compagny (Nigeria) : très beaux mouvements de corps qui se touchent, en puissance et souplesse. - Danse Intore tradi-contemporaine. Irène Tassembedo du Burkina Faso animait cet atelier, destinée à faire le pont « de la tradition à la modernité » (le terme « tradi-moderne est assez fréquemment utilisé par les Rwandais). Cette interprétation nous a permis de voir une belle chorégraphie, où se mêlent les corps des travailleurs, avec leurs lampes à pétrole, et le mouvement des Intore, danse traditionnelle des guerriers. - Théâtre, « Comédie Tragique », atelier animé par Atavi Amedegnato-Gbenat du Togo. L´un des chantiers de cette équipe a permis de présenter une interprétation collective d´un mythe tradionnel, mêlant paroles bilingues, chants et lamentations des choeurs,... - court métrage d´animation, atelier animé par Vincent Patar et Stéphane Aubier, tous deux venus de Belgique (quatre séquences enjouées, avec entre autre une interprétation de Corbillard de Zao). |
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