Ateliers d’écriture au Rwanda

 

Des formateurs français comme Jean FOUCAULT (Lignes d’écriture), Pierre FRENKIEL et Roland GOHLKE (Ciclop), et tout récemment (été 2006) Martine et Michel PICARD, se sont succédés pour animer des ateliers d’écriture selon leurs domaines d’intervention : poésie, théâtre, littérature de jeunesse, etc.

Le travail fait jusqu’à présent est d’une grande utilité dans la mesure où les ateliers ciblent toutes les catégories de Rwandais, spécialement les jeunes, qui sont tous pris par cette envie de s’adonner à l’écriture et ils en sont capables. Leurs talents jaillissent dans les mail-arts dont je vous propose quelques contenus, dans les lignes qui suivent. Ils ont été produits dans un atelier animé par Martine Picard.

Désormais, l’on devrait donc s’attendre à une "révolution", à une éclosion de l’écriture au Rwanda et à une production d’une qualité très appréciable ? Il suffit qqu’un minimum de moyens soit mis à la disposition des écrivains.

Parmi ces derniers une nouvelle génération fait "éclater" ses talents :

Certaines questions persistent, sans réponses immédiates :


Quelques mail-arts produits dans l’atelier d’écriture du 17 au 21 juillet 2006

Cet atelier s’est déroulé au Centre d’Echanges Culturels Franco-Rwandais.

Il était animé par Martine PICARD.

A toi

Etre de l’univers

Route des Etoiles

Par ici par là

Rue de l’Ailleurs

Cedex 00011

Je t’écris de mon bout de terre, bout d’amer, pour te dire que ce soir je plongerai encore mes yeux dans les étoiles à la recherche d’un signe qui me permettra de croire que nous ne sommes pas seuls. Dans cet éther vaste et froid, j’aimerais croire que d’autres feux réchauffent les cœurs (si vous en avez). J’aimerais savoir si les étoiles qui clignotent ne seraient pas des lampes qui, en code, nous diraient : PAIX.

Si tu as reçu cette lettre, fais-moi signe ce soir, ou demain, après midi, dans une année… lumière.

Mes chers Compatriotes

B.P 15.500.000

Hémisphère Sud

Je profite de cette occasion pour vous transmettre mes sincères salutations et vous dire ce qui me tient le plus à cœur.

En effet, qui de nous ne saurait s’émerveiller quand on vit un contact humain comme celui-ci ? Votre dernière correspondance reprenait ces mêmes propos mais avec de l’inquiétude mêlée à l’humour, c’est votre caractère je sais.

Bien sûr que oui, entre les hommes c’est toujours comme ça ! Tantôt c’est la tempête, tantôt le vacarme ! Actuellement, l’on dirait le tsunami ! Mais le danger de tout, c’est d’être incapable de s’en défaire et s’y plonger complètement corps et âmes sans pouvoir se relever.

Vivre le pays et dans un pays, ça signifie exactement cela ! Partager le charme et la beauté des êtres, mais aussi la misère et la souffrance. Quoi donc ! C’est aussi vivre le pardon, la tolérance et non la vengeance même dans les circonstances les plus horribles, n’est-ce pas ?

Chers compatriotes, vous me direz si je mens, mais toujours est-il que la vie nous apprend, au rythme des jours, quelque chose de nouveau.

Votre compatriote

Hier de Demain

A Argent,

Banque Mondiale

de Développement

Mon cher Argent, je te remercie pour toute ton aide. Sans toi, je ne pourrais pas avoir de jolis pantalons, de jolies chemises ni de belles chaussures !

Quand tu es à mes côtés, les amis s’approchent, mais en ton absence, tout le monde me quitte.

Que fais-tu alors pour me faire vivre en paix ? Si tu veux, viens auprès de moi et que tout le monde m’aime, que je n’aie plus faim ! Par conséquent, je voudrais te demander pourquoi tu m’as déçu hier : je t’avais dit que j’avais besoin d’un pantalon neuf pour le mariage de ma sœur. Tu le sais, je ne pouvais pas l’acheter sans toi ! Malheureusement tu n’es pas venu et j’ai dû porter un pantalon sale et usé !

Alors mon cher, je te donne un autre rende-vous : demain samedi, j’aurai faim à 17h09. J’aurai donc besoin de toi pour aller ensemble au restaurant KARIBU. J’aimerais bien prendre un très bon repas accompagné de deux bouteilles de PRIMUS(bière locale).

A ne pas me décevoir encore !

Ton ami NKWETO

A mes parents inconnus

Iles ROBINSON CRUSOE

12, avenue de la Découverte

33750 PACIFIQUE

Chers parents inconnus,

Je m’appelle X, parce que je n’ai pas d’identité. J’ai 8 ans et j’habite dans un coin inconnu de la terre. On me dit que je suis né des parents inconnus. Je suis donc enfant de la rue, au Rwanda(vous avez entendu parler de ce petit pays ?) et on m’appelle MAYIBOBO. On me dit que vous habitez quelque part dans le monde ! En Afrique ? En Asie ? Chez les Esquimaux ? Tout ce que je sais, c’est que vous existez encore et que moi aussi j’existe !

Je vous écris cette lettre qui paraîtra dans tous les journaux et que je jette comme une bouteille à la mer. Ma vie est une mélodie infinie faite de tristesse et de larmes. Je veux avoir un nom, un nom seulement. Appelez-moi BAOBAB, CALAO, etc., mais donnez-moi un nom. Un père, une mère, c’est la racine de la vie pour un enfant comme moi. Je veux être comme les autres : aller à l’école le matin, jouer avec les autres, lire, écrire comme eux. Je veux revenir de l’école le soir pour retrouver la chaleur familiale :sourire à papa, embrasser maman. Vivre. Je meurs chaque jour.

Si vous lisez cette lettre, et je suis sûr que vous la lirez, contactez la mairie de KIMIRONKO. Comme je n’ai pas de nom, mon numéro d’identification est normalement le suivant : 00X8.

Sans vous avoir jamais connu, je vous aime et vous embrasse !

Aux Vieux

Pensionnat de la sagesse

5, rue de l’espoir

Chers vieux,

Je suis l’une des personnes qui vous adorent et vous estiment. Vos paroles douces, quand vos petits- fils vous taquinent, nous comblent de joie. Vos dents qui tombent tous les jours et vos rides, vous rendent aussi sympa que les plus bébés du monde. Vos dos courbés font penser au dur labeur que vous avez fait durant toute la vie, pour élever vos successeurs. Votre sagesse que nous inspire la couleur de vos cheveux, témoigne que vous avez beaucoup travaillé !

Travailler à réduire la distance entre les continents Travailler à réduire la distance entre la terre et la lune Travailler à traverser les océans Travailler à prolonger la vie humaine Et j’en passe …

On aimerait rester avec vous pour toujours, mais c’est normal qu’après le travail vient le repos.