Nés en l’air petite poétique de la nuagerie
photos Brigitte Dusserre-Bresson
Comment ne pourrais-je pas me sentir bien dans cette petite poétique nuageuse ? _Je passe tellement de temps le nez en l’air ou bien lorsque je suis dans une pièce, toujours assis avec un œil à la fenêtre… pour n’en rater aucun ! Je visite aussi bien souvent les prévisions météo : un créneau de ciel bleu et je chausse un des sentiers du Mercantour, histoire d’arpenter la lumière et dans les bleus qui entourent les sommets, de contempler la création des cumulus !
Ne nous moquons pas des pelleteurs de nuages : un des moteurs de l’évolution humaine réside dans l’atmosphère et ses variations climatiques ; les nuages jouent donc un rôle essentiel dans ce qui fait de nous des hommes, et dans la création de nos civilisations ! Alors laissons un peu tranquille ceux qui sont sur leur nuage :
Ils nous saluent
Ils ne sont pas méchants
Bien au contraire
Quand on est bien installé
Juste comme il faut
Sur son petit nuage
C’est un vrai petit bonheur
Et si on est sur terre, est-ce pour autre chose que de trouver, à défaut du grand bonheur inaltérable toujours un peu compliqué à atteindre et à maintenir, de vrais petits bonheurs ?
Malgré leur importance fondamentale dans l’équilibre et la vie de notre planète, on ne retient rien des nuages. Ils échappent à tout contrôle hormis celui des vents. Si maintenant on sait comment et où ils naissent, où ils vont et ce qu’ils vont devenir… pendant des milliers d’années les hommes assistaient émerveillés ou inquiets à leur apparition, à leurs cheminements… et c’est ainsi que de nuage en nuage, les esprits des sages ont cheminé sur les voies de la connaissance de l’atmosphère, qu’ils ont appris à lire le ciel et grâce à ces lectures, à anticiper le futur…
Ce n’est pas un hasard si les poètes entretiennent une relation d’amitié avec les nuages. Leur liberté d’abord ne peut que séduire les façonneurs de langue, ceux qui inventent de nouveaux mots, de nouvelles expressions, de nouvelles métaphores… Une complicité les unit. Le poète apprend à oser en regardant les nuages ! Comme Rimbaud dans sa « saison en enfer », ils ont tous les talents, ils sont maîtres en métamorphose !
Baudelaire, Foucault l’évoque dans un des poèmes de cet ensemble, et ses « nuages, les merveilleux nuages »…
« Eh ! Qu’aimes-tu donc, extraordinaire étranger ?
- J’aime les nuages… les nuages qui passent… là-bas… là-bas… les merveilleux nuages ! »
Quand un nuage passe… c’est un peu comme un poème qui traverserait nos yeux…
Ils tracent quelquefois
un poème invisible en plein ciel (Jean-Max Tixier Le temps des mots, Pluie d’étoiles éditions)
Qu’y a-t-il de plus urgent au monde finalement que de s’allonger sur le sol et de contempler les nuages ?
Patrick Joquel
A Mouans-Sartoux
le 1er septembre 2006
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